Bonjour Véronique. Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs s'il vous plaît ?
Bonjour ! Je m’appelle Véronique Liesse et je suis diététicienne-nutritionniste ainsi que micronutritionniste.
En plus de mes consultations, je suis également auteure de livres en nutrition et formatrice, notamment pour les professionnels de santé. J’ai pour cela conçu ma propre plateforme de formations en ligne et en présentiel. J’enseigne aussi la micronutrition au Cerden et à l’Université de Grenoble (DU en santé, diététique et physionutrition).
En parallèle de tout cela, j’ai également la chance de m’occuper de footballeurs professionnels.
Aujourd’hui le mot "régime" a mauvaise réputation : pourquoi selon vous ?
Je ne sais pas si les régimes ont véritablement mauvaise réputation mais si c’est le cas, je m’en réjouis ! À mon sens, les régimes ne fonctionnent pas. Le contraire se saurait et surtout, on ne les verrait pas refleurir à chaque printemps.
En réalité, je pense qu’il y a une prise de conscience progressive et une sorte de "ras-le-bol" lié à cet état de fait. Je pense qu’une lassitude s’est installée par rapport à cette situation car les personnes fournissent beaucoup d’efforts et réalisent de nombreux sacrifices pour finalement, revenir souvent à la case départ, voire pire parfois.
On constate que de plus en plus de personnes sont touchées par le surpoids. Quelles en sont les origines à votre avis ?
Les régimes eux-mêmes pour commencer. Ensuite, je n’irais pas jusqu’à dire qu’il y a autant de causes de surpoids que de patients, mais elles sont nombreuses. Il est vrai que certaines causes reviennent souvent en tête de liste, mais ce qui est certain, c’est qu’on ne peut plus dire que la cause majeure vient d’un excès alimentaire par rapport au manque de dépense. Cette théorie des "calories in et out" est totalement dépassée. Les raisons majeures de prise de poids sont d’après moi bien plus complexes. Parmi elles, je citerais :
- la pauvreté nutritionnelle,
- les troubles métaboliques,
- les perturbations hormonales,
- le déséquilibre du microbiote,
- les horaires inadaptés,
- la pression de la minceur.
Il existe également des causes liées à notre mode de vie et à notre environnement. Bien sûr, la sédentarité s’inscrit parfaitement dans cette sphère, mais il y a aussi le stress, les troubles du sommeil, la pollution, les toxiques avec lesquels les gens sont en contact… Sans oublier les causes psychologiques et les traumatismes.
On rencontre de plus en plus de régimes "à la mode". Que pensez-vous de ces derniers et quels sont, selon vous, leurs effets sur le long terme ?
Ces dernières années, nombre de régimes ont effectivement fleuri autour de nous. Régimes cétogène, hypocalorique, paléolithique… La plupart visent une perte de poids rapide, avec des résultats quasiment immédiats.
Globalement, notre mode de vie moderne est dicté par l’immédiateté. C’est donc tout "naturellement", que les régimes doivent répondre aux mêmes exigences, sans quoi ils sont qualifiés d’inefficaces. Néanmoins, même si les résultats s’affichent parfois sur la balance, ils font totalement fi du bien-être à long terme.
La plupart du temps, ils sont restrictifs et excluent des groupes entiers d’aliments nécessaires au bon fonctionnement de notre corps, de nos métabolismes, grâce à leurs apports. En ce sens, la plupart de ces régimes modernes sont parfaitement incompatibles avec la santé à long terme. Frustrations, déficits, troubles du microbiote et retours à la case départ risquent bien d’être au rendez-vous.
Pour vous, quelle est donc la meilleure façon de perdre du poids ?
Je pense que le meilleur régime qui soit est simplement de ne pas en faire. Du moins, rien de restrictif. Cela ne signifie pas qu’il ne faille rien changer dans son alimentation mais la priorité doit toujours rester la qualité.
En réalité, ce que de nombreuses personnes ignorent, c’est que le gras peut, selon sa qualité, faire prendre ou perdre du poids. L’idée n’est pas toujours de manger moins gras, mais surtout de manger "mieux gras".
Il en va de même pour les glucides par exemple. À calories égales, certains sont beaucoup plus facilement stockés que d’autres. La stratégie que je recommande consiste à corriger les erreurs de l’assiette de façon durable. Pour cela, il est indispensable de s’éloigner de cette notion de régime, avec un jour de début et un jour de fin. La modification de ses habitudes alimentaires demande du temps, il faut accepter cela.
Ensuite, il est important de repérer les blocages qui freinent votre éventuelle perte de poids et de les prendre en charge. Sont-ils d’origine hormonale, métabolique, comportementale, environnementale ? Souvent, on n’active pas le bon levier car on ne s’interroge pas sur l’origine du dysfonctionnement. Ainsi, les résultats ne sont pas là, la frustration apparaît, et on se dirige vers des solutions drastiques et restrictives.
Vous avez coécrit avec le Dr Vincent Renaud, "Hormones : arrêtez de vous gâcher la vie !". Comment expliquez-vous que les femmes aient tendance à prendre du poids à la ménopause ?
En réalité, il y a de nombreux facteurs qui peuvent rentrer en compte dans l’explication de ce phénomène. Parmi les multiples causes, on retrouve la chute des œstrogènes. Cette dernière peut influencer le fonctionnement de la sérotonine et donc donner des envies alimentaires pulsionnelles (augmentation de l’appétit et goût plus marqué pour les aliments riches en glucides).
En effet, il existe un lien entre les œstrogènes et la sérotonine : ils accroissent la densité des récepteurs 5-HT2A de la sérotonine dans le cerveau antérieur.
Ils interviennent aussi sur la densité des sites du transporteur de la sérotonine (SERT). À la ménopause, on constate également un ralentissement du métabolisme de base. Avec l’âge, les cellules ne brûlent plus autant de calories. Ainsi, les besoins caloriques quotidiens se trouvent diminués.
D’autres facteurs peuvent intervenir tels qu’un ralentissement de la thyroïde, une augmentation du risque d’insulinorésistance, ou encore une capacité de stockage supérieure. Les troubles liés à la ménopause (douleurs articulaires, troubles du sommeil, fatigue, bouffées de chaleur) peuvent aussi expliquer que les femmes aient moins envie de bouger. Une diminution des dépenses énergétiques contribue à la prise de poids.
On peut également noter que la prise de poids constitue un facteur de risque supplémentaire de présenter des symptômes de ménopause plus sévères. Il est alors facile de tomber dans un cercle vicieux.
Heureusement, la prise de poids à la ménopause n’est pas une fatalité ! Le corps change, le métabolisme évolue, il est donc important d’être à l’écoute de ses besoins physiologiques et d’adopter certaines mesures appropriées (habitudes alimentaires, activité physique…).
Dans votre dernier livre "Ma Bible pour perdre du poids sans régime", on retrouve 100 recettes minceur et gourmandes. C’est donc possible de se faire plaisir tout en mangeant sainement et équilibré ?
Alors là, clairement oui, c’est possible ! Pour les recettes, je me suis entourée de Nathalie, Muriel et Yvan qui créent des recettes savoureuses et saines. Si l’alimentation ne rime pas avec plaisir, il me semble peu probable d’y arriver. Entreprendre un programme de perte de poids doit se faire avec gourmandise et curiosité.
L’été est déjà là, avez-vous quelques conseils pour nos lecteurs ?
Mon livre fait 600 pages, vous voulez que l’on commence par quoi (rires) ? Outre les conseils liés à l’assiette, il est souvent indispensable d’avoir une approche globale. Ne changez que ce que vous pouvez changer pour toujours.
Misez vraiment tout sur la qualité, ne vous lancez jamais dans des choses extrêmes car le corps se vengera. Le métabolisme va s’adapter et cette restriction va devenir sa nouvelle norme.
Pour maintenir votre poids de forme et rester bien dans votre corps, ne sous-estimez pas l’impact de votre mode de vie. Parfois c’est juste là que se cachent les blocages.
Merci Véronique Liesse.
CONTACT Véronique LIESSE Diététicienne micronutritionniste, enseignante, auteure et coach Site : veronique-liesse-nutrition.com |