Qu’est-ce que l’endométriose ?
L’endométriose est un problème gynécologique qui résulte de la migration de cellules semblables à celles de l’endomètre hors de l’utérus. Selon le Ministère des Solidarités et de la Santé, cette pathologie affecterait environ 10% des femmes en âge de procréer et serait retrouvée chez près de 40% de femmes qui souffrent de douleurs chroniques pelviennes, en particulier au moment des règles.
Dans la prise en charge de cette pathologie, divers axes sont à prendre en compte :
- Excès d’œstrogènes ;
- Inflammation importante ;
- Stress oxydatif ;
- …
L’implication du stress oxydatif dans l’endométriose a récemment été mise en avant dans plusieurs études.
Qu’est-ce que le stress oxydatif ?
A ne pas confondre avec le stress psychologique, le stress oxydatif est un phénomène lié au fait que notre organisme produit naturellement des substances toxiques pour l’organisme lorsqu’elles sont en grandes quantités dans l’organisme : les radicaux libres.
Ces molécules agressives sont capables d’altérer les lipides, protéines et même l’ADN. Toutefois, à l’état physiologique, il existe un équilibre entre les oxydants et les molécules antioxydantes venant les contrer. Les radicaux libres en faibles quantités restent alors inoffensifs et constituent même un moyen de défense pour notre organisme (lutte antimicrobienne, déclenchement de la mort des cellules abîmées…).
Parmi les antioxydants capables de rompre les chaines de production de radicaux libres, nous retrouvons des antioxydants produits naturellement par notre organisme : SuperOxydeDismutase (SOD), catalase (CAT), glutathion… Des antioxydants peuvent également être apportés par notre alimentation ou à travers une supplémentation : vitamines, oligo-éléments, N-Acétyl Cystéine, acide alpha lipoïque, resvératrol…
Notre vie quotidienne est néanmoins remplie de facteurs pouvant favoriser la production de radicaux libres : tabagisme, alimentation déséquilibrée, stress psychologique, rayons UV… A côté de ces facteurs connus de tous, on retrouve également des toxiques environnementaux, moins connus, mais dont la place est de plus en plus importante (métaux lourds, pesticides, polluants, phtalates, bisphénol A, dioxine…). Lorsque l’organisme est exposé de manière prolongée ou fréquente à ces facteurs pro-oxydants, l’équilibre oxydants/antioxydants peut se rompre. La production de radicaux libres dépasse la capacité de notre organisme à contrer les effets néfastes de ces derniers. L’oxydation gagne alors du terrain dans l’organisme et divers troubles peuvent en découler : maladies neurodégénératives, maladies cardiovasculaires, diabète… Le stress oxydatif aurait également une implication dans l’endométriose.
Endométriose et stress oxydatif
Au cours d’une étude réalisée par des chercheurs de l’hôpital Cochin (unité 1016 Inserm/CNRS/Université Paris Descartes, Institut Cochin, Paris), du liquide péritonéal a été prélevé chez 150 jeunes femmes atteintes d’endométriose. Le péritoine est une membrane séreuse formée de deux feuillets, qui recouvrent la cavité abdominale et les viscères qu’elle contient. Les chercheurs ont alors constaté que les femmes souffrant d’endométriose présentaient un stress oxydatif important au niveau de ce liquide.
Des expériences réalisées in vitro ont mis en avant que le fait d’inhiber ce stress bloquerait la prolifération des cellules endométriales.
Une revue systématique a compilé les analyses de différents marqueurs de stress oxydatif, étudiés chez des femmes atteintes d’endométriose dans différents échantillons biologiques. Ces différentes analyses mettent en avant la présence d’un stress oxydatif plus important chez les femmes atteintes d’endométriose, en comparaison avec les femmes qui ne présentent pas cette pathologie1.
Les diverses études menées démontrent donc bien l’implication d’un stress oxydatif dans l’endométriose.
Endométriose et inflammation
On sait que l’inflammation joue un rôle clé dans la pathogénie de l’endométriose.
Ce serait notamment cette inflammation chronique qui libèrerait des radicaux libres et entraînerait le déséquilibre oxydatif pouvant être étroitement lié avec cette pathologie. En effet, selon une étude, le stress oxydatif est très fréquent au cours des syndromes inflammatoires chroniques2.
C’est finalement un cercle vicieux qui s’installe, car le stress oxydant participerait à son tour à l’entretien et la propagation de l’inflammation et des lésions qui en résultent. Dans le cas de l’endométriose, il contribuerait alors à l’amplification des symptômes qui y sont associés.
Toutes ces observations peuvent donc ouvrir la voie à des approches ciblant le déséquilibre oxydatif afin de soulager l’endométriose.
Lutter contre le stress oxydant
Dans la lutte contre le stress oxydatif, il est nécessaire de limiter au maximum les facteurs qui en sont à l’origine. Comme vu précédemment, le stress oxydant est créé par une multitude de facteurs intrinsèques et environnementaux. S’il est parfois difficile de moduler les facteurs intrinsèques, il est toutefois possible de modifier son environnement pour éviter ce stress ou tout du moins le diminuer. Il est alors conseillé :
- De limiter le contact avec des facteurs pro-oxydants : tabac, alcool, rayons UV, sport intensif ;
- D’éviter d’être au contact de toxiques environnementaux : polluants, métaux lourds, pesticides, phtalates, bisphénol A… ;
- D’éviter la sédentarité, même si cela peut sembler compliquer lorsque l’endométriose est sévère ;
- De diminuer le stress psychologique, souvent présent dans cette pathologie et pouvant accentuer la progression des lésions d’endométriose, comme l’a démontré une récente étude.
Diminuer le stress psychologique avec des plantes
Si le stress psychologique peut être difficile à gérer, la « thérapie par les plantes » ou phytothérapie propose de nombreux remèdes pouvant apaiser l'esprit et aider à limiter ce stress.
La mélisse et la rhodiola rosea sont notamment connues pour favoriser la détente et la relaxation.
En effet, il a été prouvé que les composants de la mélisse pourraient avoir un effet calmant en agissant sur certains récepteurs du système nerveux central (récepteurs nicotiniques et muscariniques)3. La rhodiola rosea est quant à elle une plante aux propriétés adaptogènes. Elle aide l’organisme à s’adapter au stress émotionnel et aide à réduire la fatigue liée à ce stress4.
Soulager l’inflammation au naturel
Etant donné que l’endométriose a également pour facteur principal une inflammation chronique, accentuant le stress oxydatif, il est également judicieux de fournir à l’organisme des composés anti-inflammatoires tels que...
Enfin, il est évidemment indispensable d’apporter des antioxydants à son organisme lorsqu’on souffre d’endométriose, afin de faire diminuer l’état oxydant. Il est possible de les fournir à l’organisme en privilégiant une alimentation antioxydante : fruits, légumes, fruits secs, cacao…Il est également intéressant de recourir à des produits de santé naturels venant lutter contre le stress oxydant : produits à base de plantes, vitamines, minéraux…
Plantes, endométriose et stress oxydatif
PYCNOGENOL®, actif breveté à l’efficacité démontrée
Le terme pycnogénol est utilisé pour désigner les procyanidines de l’écorce de pin. PYCNOGENOL® est un extrait breveté d’écorce de pin maritime. Il est standardisé à 70% de proanthocyanidines ou oligoproanthocyanidines, une classe de flavonoïdes antioxydants que l’on retrouve dans divers végétaux. Cet actif est connu du monde scientifique puisqu’il a fait l’objet de plus de 200 publications, dont 80 études cliniques sur une totalité de 7000 personnes.
Il possède une activité anti inflammatoire naturelle et soulage efficacement les douleurs menstruelles. Plusieurs études ont démontré sa capacité à réduire le stress oxydatif dans le cadre de diverses pathologies.
Dans une étude réalisée chez des femmes souffrant de symptômes associés à la ménopause, le stress oxydatif a été significativement réduit dès quatre semaines de supplémentation et la qualité de vie globale de la plupart des femmes a été améliorée de manière significative6.
Dans une étude réalisée chez 58 femmes atteintes d’endométriose, les femmes prenant 30mg de pycnogenol deux fois par jours pendant 48 semaines ont montré une réduction de 33% de la douleur, y compris des douleurs intenses. Même si cette réduction de douleur était sur le moment moins efficace que pour le groupe ayant reçu l’hormonothérapie, ce soulagement a été conservé à long terme. De plus, le groupe pycnogenol a vu certaines femmes tomber enceintes alors que les femmes traitées par les hormones ne pouvaient pas tomber enceinte. Ces améliorations pourraient être associées entre autres à une diminution du stress oxydatif7.
Thé vert
Le thé vert est riche en gallate d’épigallocatéchine (EGCG), un flavonoïde antioxydant. Il est reconnu pour aider à protéger les ovaires des lésions oxydantes. Une étude publiée dans Human Reproduction a démonté que l’EGCG de thé vert inhiberait la prolifération cellulaire et la migration et l’invasion des cellules de l’endomètre8.
Le thé vert est également un diurétique qui permet d’éliminer les mauvaises toxines de l’organisme.
Il est toutefois important de veiller à ne pas en consommer de façon excessive, car en grandes quantités, il peut engendrer des problèmes de digestion chez les femmes sensibles ou souffrant déjà de problèmes digestifs associés à l’endométriose. Il peut également limiter l’absorption de fer.
Vitamines et oligo-éléments
Le zinc offre des avantages antioxydants et favorise la réparation des tissus. Il a été démontré que les femmes atteintes d’endométriose possèdent des taux inférieurs de cet oligo-élément9.
Le manganèse agit sur la prolifération des cellules endométriales en réduisant le stress oxydatif. Il contribue également à la formation normale du tissu conjonctif utérin.
Les vitamines E et C offrent des bienfaits antioxydants, et agissent de façon complémentaire. Il a été mis en avant qu’une supplémentation en vitamines C et E avait réduit les douleurs pelviennes chez des femmes atteintes d’endométriose. Les douleurs associées aux règles et lors des rapports sexuels ont diminué de 37% chez les patientes supplémentées en antioxydants contre 24% dans le groupe ayant reçu le placebo. Aussi, les « douleurs quotidiennes » ont été diminuées chez 43% des patientes ayant reçu la supplémentation, alors qu’aucune femme du groupe placebo n’a ressenti d’amélioration10.
Molécules antioxydantes
Il existe également des molécules antioxydantes dont il peut être pertinent de se supplémenter afin de limiter le stress oxydatif : SuperOxyde Dismutase (SOD), N-acétyl cystéine, acide alpha-lipoïque, resvératrol…
La SOD ainsi que le resvératrol seraient des alliés précieux pour lutter contre ce stress. Une récente étude publiée en 2021 a notamment montré que le resvératrol avait la capacité de réduire la progression de l’endométriose, notamment à travers une réduction du stress oxydatif11.
Dans une autre étude, une supplémentation de 600mg de N-acétyl-cystéine 2 fois par jour, associée à d’autres antioxydants dont l’acide alpha-lipoïque, a réduit significativement la douleur liée à l’endométriose et a permis une consommation plus faible d’analgésiques12. Il a par ailleurs été démontré que la prise de cette même dose, 3 fois par jours pendant 3 jours consécutifs par semaine et pendant 3 mois, était efficace pour réduire les kystes de l’endométriose ovarienne13.
C’est finalement une réelle approche naturopathique qui est nécessaire afin d’apporter la meilleure prise en charge possible aux femmes atteintes d’endométriose. Il est en effet indispensable de jouer de façon globale et complète sur les différents axes impliqués dans la maladie, afin d’espérer une amélioration significative de la qualité de vie des femmes.
Références :
1.Scutiero G., Iannone P., et al. Oxidative stress and endometriosis : a systematic review of the literature. Oxid Med Cell Longev. 2017.
2.Reimund JM. Stress oxydant au cours des syndromes inflammatoires chroniques. Nutrition Clinique et Métabolisme. 2002. 16 (4) : 275-284
3.Kennedy DO., Wake G., et al. Modulation of mood and cognitive performance following acute administration of single doses of Melissa officinalis (Lemon balm) with human CNS nicotinic and muscarinic receptor-binding properties. Neuropsychopharmacology. 2003. 28 (10) : 1871-1881
4.SPASOV A.A. et al. A double-blind, placebo controlled pilot study of the stimulating and adaptogenic effect of Rhodiola rosea SHR-5 extract on the fatigue of students caused by stress during an examination period with a repeated low-dose regimen. Phytomedicine. 2000. 7 (2) : 85-89
5.Vilai Kuptniratsaikul et al. Efficacy and safety of curcuma domestica extracts compared with ibuprofen in patients with knee osteoarthrisis : a multicenter study. Clin Interv Aging. 2014. 451-458
6.Errichi S., Bottari U., et al. Supplementation with Pycnogenol® improves signs and symptoms of menopausal transition. Panminerva Med. 2011. 53 (3 suppl 1) : 65-70.
7.Kohama T., Herai K., et al. Effect of French maritime pine bark extract on endometriosis as compared with leuprorelin acetate. J Reprod Med. 2007. 52 (8) : 703-708
8.Matsuzaki S., Darcha C., et al. Antifibrotic properties of epigallocatechin-3-gallate in endometriosis. 2014. 29 (8) : 1677-1687
9.Messalli EM., Schettino MT., et al. Le rôle possible du zinc dans l'étiopathogénie de l'endométriose. Obstétrique et gynécologie cliniques et expérimentales. 2014. 41 (5) : 541-546.
10.Santanam N., Kavtaradze N., et al. Antioxidant supplementation reduces endometriosis related pelvic pain in humans. Transl Res. 2013. 161 (3) : 189-195
11.Arablou T., Aryaeian N., et al. The effects of resveratrol on the expression of VEGF, TGF- β, and MMP-9 in endometrial stromal cells of women with endometriosis. Scientific Reports. 2021.
12.Lete, I., Mendoza, N., et al. Efficacité d'une préparation antioxydante contenant de la N-acétylcystéine, de l'acide alpha-lipoïque et de la bromélaïne dans le traitement des douleurs pelviennes associées à l'endométriose : étude LEAP. European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology. 2018. 228 : 221-224.
13.Porpora, MG, Brunelli, R., et al. Une promesse dans le traitement de l'endométriose : une étude de cohorte observationnelle sur la réduction de l'endométriome ovarien par la N-acétylcystéine. Médecine complémentaire et alternative fondée sur des preuves. 2013.