Les allergies saisonnières, appelées plus prosaïquement rhumes des foins parce que les symptômes ressemblent à un banal rhume, sont très fréquentes et sont observées à certains moments de l’année. Principalement au printemps, mais aussi en été ou encore en automne, elles varient en fonction des allergènes, notamment les pollens (type d’allergie qui a doublé en 10 ans et qui toucherait 20 à 30 % de la population française) ou les graminées qui virevoltent dans l’air en ces périodes.
L’OMS estime à plus de 400 millions le nombre de personnes qui souffriraient d’allergies saisonnières, faisant ainsi d’elle la 4ème maladie au monde.
Souvent, la saison des allergies commence dès le mois de janvier avec les pollens de bouleaux et de noisetiers, puis cela continue avec les pollens de frênes en avril, ainsi que les graminées de mai à août en fonction des régions.
Lequel d’entre nous ne connaît personne qui systématiquement, à chaque bouleversement climatique comme le passage de l’hiver au printemps, voit ses yeux rougir avec une forte irritation, des larmoiements, des éternuements, le nez qui coule ou encore une éruption cutanée souvent prurigineuse (qui démange) ? Bien entendu, ces symptômes diffèrent selon les personnes et l’intensité de la crise : elle peut aller jusqu’à une obstruction nasale très handicapante pour les jeunes enfants, des infections du conduit de l’oreille (otites), des sinusites, des paupières gonflées, des crises d’asthme allergique avec une respiration sifflante voire des œdèmes ou des crises d’urticaire géantes.
Il faut bien comprendre que les allergies dans leur ensemble sont dues à un dérèglement de notre système immunitaire, qui réagit de façon démesurée face à un élément auquel il ne devrait pas réagir, que l’on nomme allergène.
Au premier contact, notre corps réagit en produisant des lymphocytes T (catégorie de globules blancs hautement spécialisés et considérés comme constituant l’état-major de notre système immunitaire).
Ces lymphocytes T vont à leur tour coopérer avec une autre catégorie de lymphocytes, les lymphocytes B, qui produisent quant à eux des anticorps spécifiques aux allergènes : les immuno-globulines E (IgE). Ils sont spécifiques à chaque allergène contre lequel notre corps lutte, dès lors qu’il est considéré comme dangereux.
Ces mêmes IgE spécifiques vont se fixer sur les récepteurs membranaires, notamment des mastocytes (cellules plus importantes dans certains organes en contact avec l’extérieur comme la peau, les voies respiratoires : nez, bronches…). Ce sont ces cellules qui contiennent les fameux éléments reconnus comme pro-inflammatoires comme l’histamine. À la suite de cela, notre organisme peut réagir quelque temps plus tard à un second contact en provoquant une crise d’allergie.
Alors que penser de la désensibilisation, ou encore des produits antihistaminiques aux effets secondaires (somnolence, sécheresse buccale et oculaire, confusion ou sensation de vertige), des corticoïdes en pulvérisation nasale, des collyres, ou des autres traitements conventionnels (immunothérapie allergénique) ou non-conventionnels ? Certes, c’est une solution d’urgence, mais il faut en convenir : cela ne résout pas le fond du problème qui est de savoir pourquoi notre système immunitaire réagit d’une façon démesurée.
On estime qu’environ 7 à 8 % des adultes sont allergiques et 15 à 20 % de la population souffre d’allergies aux pollens.
Y a-t-il un examen de sang qui peut orienter vers une allergie ? Oui, le dosage des éosinophiles (catégorie de globules blancs qui se colorent à l’éosine) qui augmentent notamment en cas d’allergie ou de présence de parasites ou de candidose. Pour objectiver une allergie, il conviendra de tester les immunoglobulines E (IgE) spécifiques à tel ou tel allergène. On retrouve également ces IgE dans les écoulements nasaux.
La position des naturopathes
Les allergies saisonnières ou encore rhinites allergiques sont pour nous, naturopathes, l’expression démesurée voire inappropriée de notre système immunitaire face à un élément sur lequel il ne devrait normalement pas réagir.
En d’autres termes, nous avons des cellules immunocompétentes qui réagissent en produisant des « éléments de défense » : les anticorps et l’histamine qui créent les manifestations de l’allergie.
Reste à savoir pourquoi notre système immunitaire à « perdu la boule » et qu’il produit des éléments qu’il ne devrait pas produire.
Est-ce parce que nous avons perturbé ce système de défense depuis notre enfance en favorisant les éléments anti-symptomatiques, en prenant des médicaments anti-fièvre, anti-migraine, antidouleur ? Sont-ce les conséquences des produits chimiques dont nous sommes « bombardés », des perturbateurs endocriniens, des vaccins outranciers, d’une alimentation frelatée, chimique, industrialisée ? Les stress et peurs, caractéristiques de notre société moderne qui perturbent notre système immunitaire ? Ou encore les non-dits et les frustrations engendrant un dysfonctionnement hépatique ? Un dérèglement de notre flore intestinale ? Les causes peuvent être nombreuses.
Mais il est bon de savoir que notre foie : organe majeur de notre santé/vitalité authentique, est en cause.
En effet, l’un des principaux rôles de cet organe est de filtrer environ 2 400 litres de sang provenant pour 30 % de l’artère hépatique (issue de la grosse aorte provenant du ventricule gauche du cœur) et 70 % par la veine porte (provenant de l’intestin).
C’est dire l’importance maintes fois démontrée de notre intestin et de son contenu, passant notamment par l’alimentation et la composition de notre flore.
Tout ce qui est dans notre intestin grêle va au foie. Nous sommes donc responsables (et non coupables) de ce que nous mettons dans notre tube digestif.
Ainsi, si je m’alimente de produits spécifiques et biologiques plus ou moins crus, mon foie recevra des éléments biologiques, crus, vivants et spécifiques, c'est-à-dire compatibles avec ma physiologie cellulaire et donc entretenant ma santé/vitalité authentique.
À l’inverse, si je mets des aliments raffinés, frelatés, trop cuits, morts, réchauffés aux micro-ondes, de l’alcool, des médicaments, sans omettre les éléments contenus dans les eaux du robinet et les perturbateurs endocriniens qui ruinent notre santé… Mon foie recevra ce genre d’éléments, peu compatibles avec une santé/vitalité authentique.
À un certain moment, en fonction de l’hérédité et du vécu de chacun, le foie ne pourra plus faire son travail d’épuration, de synthèse protidique, de stockage glycogénique ni de régulation hormonale (on oublie souvent que c’est le foie, entre autres, qui dégrade les « vieilles hormones » qui ont vécu leur vie). Voilà pourquoi il est extrêmement important d’investiguer davantage sur les fonctions hépatiques dans les problèmes endocriniens, ce qui est malheureusement peu fait !
Si cette filtration physiologique n’a pas lieu, le sang qui ressort du foie par les veines sus-hépatiques et qui s’abouche sur la veine cave inférieure est aussi « sale » que celui qui y est entré.
Ce sang non épuré est ensuite envoyé par la veine cave inférieure au niveau de l’oreillette droite qui se remplit, puis par un jeu de pression, le sang est envoyé dans le ventricule droit. Le sang se dirige ensuite au niveau respiratoire grâce à l’artère pulmonaire. Il va se libérer physiologiquement du CO² et s’oxygéner mais il va également tenter de s’épurer.
Or le système respiratoire n’a pas été conçu pour accomplir ce nettoyage, cela va engendrer la création d’un terrain favorable nommé terrain « atopique », entraînant un dysfonctionnement immunitaire cause d’allergies saisonnières, mais aussi d’autres pathologies dites respiratoires ou cutanées du type eczéma atopique.
Alors que faire naturellement ?
Faut-il éviter en toute logique de se mettre en contact avec certains allergènes quand ceux-ci ont été identifiés et que c’est possible ?
Conseils hygiéno-diététiques
- Prendre une douche en se lavant les cheveux chaque soir et changer de vêtements chaque jour,
- Garder les fenêtres de la voiture fermées et ne pas mettre la climatisation,
- Instituer un régime hypotoxique, c'est-à-dire une réforme alimentaire qui ne perturbe pas le foie mais qui soit physiologiquement en adéquation avec nos milliards de cellules (1013),
- Limiter au maximum la consommation d’alcool sous toutes ses formes,
- Consommer des aliments issus de la culture biologique pour éviter les engrais chimiques entre autres,
- Consommer beaucoup plus d’aliments crus (manger beaucoup plus de crudités si possibilité intestinale ou encore prendre des jus de légumes crus pour un apport en vitamines mais aussi en oligo-éléments et en enzymes antioxydantes et antihistaminiques notamment).
- N’omettons pas la consommation de condiments crus tels que l’ail et l’oignon qui possèdent des propriétés antioxydantes telles que la quercétine aux propriétés antihistaminiques.
Drainer et régénérer le foie et la flore intestinale
Le foie étant en permanence sollicité et très congestionné par un apport trop important de déchets, il convient de le régénérer dans un premier temps grâce à certaines plantes et certaines techniques pour éviter qu’il ne soit débordé et provoque une pathologie plus grave que la pathologie initiale.
Ainsi, certaines plantes sont bien connues telles que le Desmodium ascendens, le chardon-Marie et le Chrysantellum americanum, le macérât glycériné, la teinture mère ou encore les infusions ou décoctions.
Ensuite, il est nécessaire de drainer le foie. Certaines plantes sont indiquées pour effectuer ce travail hépatique, comme les plantes culinaires amères telles que le pissenlit, le radis noir, l’artichaut, le romarin, l’ail des ours ou des plantes médicinales telles que le boldo, le fumeterre, la gentiane…
N’omettons pas également la fameuse bouillotte chaude sur le foie qui est un des organes les plus chauds de l’organisme humain, que nos Anciens utilisaient avec assiduité.
Améliorer la flore intestinale, première barrière immunitaire
Dès la naissance, notre écosystème intestinal participe à la mise en place du système immunitaire. Chaque individu possède un profil personnel de son microbiote, tant au point de vue qualitatif que quantitatif.
Les probiotiques (du grec biotikos qui signifie en « faveur de la vie ») sont des micro-organismes vivants qui favorisent le développement et l’équilibre de notre flore intestinale et par extension, de notre système immunitaire.
Il est intéressant également de limiter, pour ne pas dire supprimer, les produits laitiers, notamment de vache mais également les sucres, sans omettre le gluten qui pour certains peut être le déclencheur de crises d’allergie. Le seigle, l’avoine, le blé et l’orge sont à éviter.
Augmenter sa ration d’oméga-3
Les huiles de première pression à froid et biologiques ont un effet protecteur de ces pathologies allergiques, au travers de la synthèse de prostaglandines PGE3. Où trouver ces éléments ? Dans les huiles telles que l’huile d’olive, de colza, de caméline, de carthame, de noix… Ainsi que dans les poissons gras tels que les sardines, les anchois, les maquereaux…
Opter pour des plantes adaptées
Il existe également des plantes pour contrecarrer ces allergies saisonnières.
L’oignon (particulièrement l’oignon rouge) contient de la quercétine, un flavonoïde et qui agit comme antihistaminique (inhibiteur de la libération de l’histamine par les basophiles et mastocytes, catégories de globules blancs - responsables des éternuements et des démangeaisons) et anti-inflammatoire.
N’omettons pas également le romarin ainsi que le plantain, plantes antihistaminiques et anti-inflammatoires par excellence. L’ail et les brocolis sont aussi des éléments à consommer régulièrement mais attention, il convient de les consommer crus !
Le cassis est également une plante dite « cortisone-like », à consommer sous forme de bourgeons.
Choisir des actifs ancestraux
C’est en 1967 que J.C.Truffier, grâce aux observations des éleveurs de cailles qui voyaient disparaître les symptômes de l’asthme dans leur entourage, a commencé à conseiller des œufs de caille dans les allergies notamment au pollen, poussières, acariens… Il semblerait que les œufs de caille soient riches en ovomucoïdes et ovoinhibiteurs ainsi qu’en enzymes inhibant ces réactions allergiques.
Penser aux oligo-éléments
Il conviendrait également de rajouter dans cette liste non exhaustive certains oligo-éléments tels que le zinc et le cuivre qui possèdent des propriétés anti-inflammatoires et immuno-modulantes, que l’on peut trouver dans certains compléments alimentaires.
Consulter un médecin en cas de prise d’anticoagulants ou autres médicaments. Ces produits sont déconseillés aux enfants et aux femmes enceintes ou allaitantes.
Les allergies saisonnières constituent un des fléaux des temps modernes. Elles témoignent de la fragilité et du dérèglement de notre système immunitaire, garant de la reconnaissance du « soi et du non soi ».
Il s’agit d’une manifestation néfaste qui peut se traduire par une hyperactivité démesurée telle que les allergies ou encore les maladies auto-immunes.
Or il est incontestable que ce sont deux manifestations de plus en plus courantes dans nos sociétés. Sont-elles la rançon de la modernité ?
Christian BRUN Naturopathe et enseignant Versailles (78) 06 39 25 07 04 - chrst.brun@orange.fr www.christian-brun-naturo.fr |