La santé de la femme et le confort féminin

Cycle menstruel : retrouver l’équilibre grâce à l’alimentation

06/01/2023

Femmes qui sourient

Quand je dis “cycle menstruel”, en général on me répond : “règles”. Éventuellement, on me répond parfois “fertilité”. Pourtant, entre chaque période de menstruations, c’est tout un ensemble de réactions hormonales qui se jouent. L’utérus et les ovaires ne sont pas les seuls concernés. En vérité, c’est toute la santé de la femme qui l’est : de son système immunitaire jusqu’à son métabolisme, en passant par sa flore intestinale ou encore la qualité de son sommeil.

Les femmes sont accompagnées - en naturopathie comme ailleurs - de la même façon que les hommes : d’une façon linéaire, où les conseils prodigués pour l’hygiène de vie se ressemblent jour après jour.

Est-ce parce que la pilule - qui inhibe le cycle menstruel - a été distribuée comme des bonbons depuis 55 ans ? Ou bien parce que, dans les luttes féministes qui ont été importantes, nous avons dû transitoirement oublier l’existence de ce cycle pour nous faire entendre ? Ou encore parce que les variations hormonales menstruelles rendent les études scientifiques plus difficiles à interpréter ? Peut-être un savant mélange de tout cela. Il me semble qu’aujourd’hui, il est temps de se rappeler qu’une femme n’est pas “un homme comme un autre”, et qu’elle a des besoins spécifiques, notamment en matière de nutrition.

Le cycle menstruel, un équilibre délicat

Tant que les règles et la fertilité se déroulent bien, il est finalement assez rare que les femmes se préoccupent véritablement de leur cycle menstruel. Cependant, le déséquilibre hormonal peut s’installer insidieusement : règles douloureuses, abondantes, acné, cycles irréguliers, syndrome prémenstruel, difficulté à perdre du poids…

Mais aussi, dans les formes les plus sévères : endométriose, fibrome, syndrome des ovaires polykystiques ou encore trouble dysphorique prémenstruel !

Le déséquilibre hormonal est un cercle vicieux. Ou comme des dominos que l'on pose les uns à côté des autres : si l’un tombe, il entraîne les autres dans sa chute.

Au cœur du cycle menstruel, il y a la balance œstrogène-progestérone : deux hormones sécrétées par les ovaires, mais pas en continu. Elles s’organisent en une stratégie très complémentaire, afin de favoriser la reproduction. De fait, le cycle menstruel s’organise selon quatre phases successives, toutes interconnectées :

  • La phase menstruelle : c’est à la fois le début et la fin d’un cycle menstruel. L’endomètre (la muqueuse utérine) n’est plus maintenu car les taux hormonaux ne sont plus suffisants : il se desquame et s’évacue sous la forme des règles.

  • La phase folliculaire :

    le cerveau demande aux ovaires de se remettre au travail. Plusieurs follicules mûrissent et sécrètent des œstrogènes. La fertilité démarre déjà. Cette phase peut être courte ou s’allonger jusqu’à plusieurs mois dans les cas les plus critiques.
  • La phase ovulatoire :

    lorsqu’un follicule est mûr, il libère l’ovule qu’il contient. C’est l’ovulation, un moment clé pour l’équilibre menstruel où la moindre complication chamboule l’équilibre hormonal. D’ailleurs, contrairement à une idée très répandue, l’ovulation ne survient pas forcément au 14e jour du cycle. Lors de cette phase, les taux d’œstrogène et de testostérone sont à leur maximum.
  • La phase lutéale :

    elle est la suite logique de la phase ovulatoire. Ce qu’il reste du follicule après l’ovulation se transforme en corps jaune. Son rôle est de sécréter la progestérone, une hormone qui s’oppose à l’œstrogène et à la testostérone. En l’absence de fécondation, la phase lutéale se termine après 12 à 14 jours avec la chute de la progestérone.

Derrière ces mécanismes hormonaux, il y a une raison d’être : la perpétuation de l’espèce humaine. Chaque étape du cycle, chaque hormone, joue un rôle bien spécifique pour favoriser la reproduction.

Le rôle de l’estrogène

Des règles à l’ovulation, les ovaires sécrètent surtout des œstrogènes, qu’on pourrait appeler l’hormone de la fertilité. L’endomètre s’épaissit déjà dans l’utérus et le col de l’utérus sécrète un mucus fertile : la glaire cervicale. Le rôle de cette dernière est de favoriser la survie des spermatozoïdes et leur parcours jusqu’à l’ovule.

Mais ce n’est pas tout ! Il faut imaginer qu’à la préhistoire, lorsque la nourriture pouvait notamment se faire rare ou plus difficile d’accès, il existait une sorte de concurrence entre le fait de se nourrir et de trouver un partenaire (de préférence, un qui aurait un bon patrimoine génétique, tant qu’à faire !). C’est sans doute pourquoi nous avons hérité des effets collatéraux de l’œstrogène :

  • Boost des neurotransmetteurs : en favorisant le bien-être et l’envie de socialiser, nous avons plus de chance de rencontrer ledit partenaire.
  • Stockage des graisses : si nous passons plus de temps à socialiser, et moins à manger, nous avons davantage besoin de réserve. Aussi l’œstrogène réduit la faim et la dépense calorique, tout en favorisant le stockage dans les réserves adipeuses.
  • Hydratation de la peau : la muqueuse vaginale est davantage hydratée, ce qui favorise les rapports sexuels. Mais l’œstrogène favorise l’hydratation et l’élasticité de la peau de façon générale. D’ailleurs, une étude a démontré que le visage d’une femme en pic d’œstrogène est aussi légèrement plus symétrique.
  • Construction des os, des ongles et des cheveux : l’œstrogène a aussi un effet favorisant à ce niveau-là.

schema cycle menstruel

Le problème avec l’œstrogène, c’est que les femmes ont tendance à en produire trop. Les causes sont à chercher dans l'hygiène de vie, mais aussi dans l’environnement avec l’omniprésence des perturbateurs endocriniens. Naturellement, l’excès d’œstrogène cause :

  • des règles plus abondantes, puisque la muqueuse utérine s’épaissit trop,
  • un cycle irrégulier,
  • des risques plus élevés de développer un cancer,
  • une perte de poids difficile,

La carence en œstrogène est aussi possible, et pas seulement à l’arrivée de la ménopause. Outre le manque d’entrain, la peau sèche et les cycles menstruels courts, le principal problème de la carence en œstrogène est l’hypofertilité.

Le rôle de la testostérone

Cette hormone connaît également un pic autour de l’ovulation. Son rôle est de favoriser la libido et la compétitivité, le développement musculaire ou encore les sécrétions de sébum qui protège la peau de la déshydratation. Lorsqu’une femme manque de testostérone, elle a davantage de risque de dépression et manque d’énergie. Mais il arrive aussi qu’elle soit en excès, notamment lorsque l’alimentation est globalement trop sucrée : les symptômes se caractérisent généralement par de l’acné, de la perte des cheveux et une pilosité trop développée.

Le rôle de la progestérone

Elle est un peu le pendant inverse de l’œstrogène : son rôle est de préparer le corps à la grossesse. Après l’ovulation, l’enjeu principal pour l’organisme est de tout mettre en œuvre pour qu’un éventuel embryon s’implante dans l’utérus :

  • L’endomètre se modifie et devient très nutritif, ce qui entraîne des dépenses caloriques supplémentaires.
  • L’utérus réduit ses contractions : tout le corps bénéficie d’ailleurs du relâchement musculaire (y compris l’intestin, ce qui peut induire de la constipation). La qualité du sommeil est aussi favorisée.
  • Le système immunitaire réduit son activité, afin d’éviter qu’il ne s’attaque à l’embryon.
  • Paradoxalement, la sensibilité de la femme à son environnement est décuplée. La femme peut ainsi éviter les risques de maladies en évitant les situations à risque alors que son système immunitaire travaille moins.
  • Les os se maintiennent, afin de poursuivre le travail commencé par les œstrogènes dans la première moitié du cycle menstruel.

L’alimentation est au cœur du bien-être menstruel, coude à coude avec la gestion du stress. Il y a trois grandes raisons à cela :

  • Les hormones sont essentiellement fabriquées à partir de protéines. Tout comme le fait de ne pas consommer des vitamines, des minéraux et des oligo-éléments en quantité suffisante, car ces derniers participent aux réactions chimiques et cellulaires de l’organisme.
  • Le cycle menstruel est connecté aux autres fonctions du corps : la glycémie peut modifier la testostérone, qui elle-même peut inhiber l’ovulation.
  • Notre corps neutralise et élimine au fur et à mesure les hormones qu’il a utilisées : le foie, les intestins et les reins sont chargés de cette mission cruciale. En outre, le côlon permet d’ajuster les niveaux hormonaux, soit en quelque sorte, de capturer les hormones en fin de course pour les remettre en circulation. C’est la raison pour laquelle un foie surchargé et une constipation chronique sont des facteurs importants d’un déséquilibre hormonal.

Quelle alimentation pour chaque phase du cycle menstruel ?

Le fait de s’alimenter en fonction des phases du cycle est-il si saugrenu qu’il en a l’air au premier abord ? Pas tant que ça. Il est vrai que ce n’est peut-être pas forcément quelque chose à proposer en premier lieu à une femme qui aurait, d’une part, beaucoup de choses à modifier dans son alimentation et d’autre part, certainement autre chose à faire de ses journées que de penser minutieusement à ce qu’elle doit cuisiner selon son cycle menstruel.

Mais pour une femme avertie qui désire se reconnecter à son corps et vivre pleinement sa cyclicité, il est tout à fait possible de retenir des grands principes à inscrire dans ses habitudes alimentaires et ce, même si des hommes et des enfants partagent le repas !

Phase folliculaire : recharger les batteries

Après les règles où le corps a perdu beaucoup de nutriments, l’organisme a besoin de retrouver de l’énergie ainsi que des matières premières pour la fabrication des hormones. S’il subsiste de la fatigue, notamment lorsque les œstrogènes ont du mal à être sécrétés, on risquera davantage de se tourner vers les excitants. Aussi, en phase folliculaire, le mot d’ordre est la revitalisation.

Les nutriments et aliments à favoriser pendant la phase folliculaire :

  • Les protéines : viandes blanches, œufs, légumineuses, noix oléagineuses,
  • Les vitamines B : céréales complètes, légumineuses, verdures vert foncé,
  • Le fer : moules, viandes, poissons, algues nori, haricots rouges et noirs, lentilles, quinoa, épinards,
  • Les superaliments : chou-kale, spiruline, graines germées, baies de goji, curcuma,
  • Les choux crus, qui favorisent l’équilibre de l’œstrogène aussi bien dans la carence que l’excès,
  • L’iode : algues (en salade, en tartare ou encore en soupe), poissons, fruits de mer, sel de table iodé.

Les aliments ennemis de la phase folliculaire :

  • Les excitants : café, thé, sucreries.

Phase ovulatoire : stabiliser la glycémie

  • Tout en continuant à apporter de belles assiettes équilibrées et pleines de vie, on veillera à ne pas femme qui mange par terreinhiber le processus ovulatoire et notamment le pic de LH (une hormone hypophysaire responsable de la rupture du follicule).

Les aliments à favoriser pour équilibrer l’œstrogène (carence ou excès) :

  • Les choux crus, riches en indole-3-carbinol, un composé soufré qui favorise la bonne neutralisation de l’œstrogène au niveau du foie,
  • Les crudités et aliments complets, dont les fibres qui vont stimuler le travail de l’intestin,
  • Les aliments probiotiques, tels que les légumes fermentés et le tempeh, pour soutenir la flore intestinale dans l’élimination de l’œstrogène.

Les nutriments et aliments à favoriser pour soutenir l’œstrogène (carence) :

  • Les phytoœstrogènes présents dans les choux, les graines de lin, les graines de tournesol et de fenouil, le tofu, le persil, la sauge, le concombre, la carotte, l’avoine et le maïs,
  • La vitamine A : viandes, abats, carottes, épinards, chou.

Et dans tous les cas :

  • Les baies rouges telles que la myrtille et le cassis, riches en antioxydants et intéressants pour leur effet quasi nul sur la glycémie,
  • La vitamine B8 et le chrome pour l’équilibre glycémique : levure de bière, jaune d’œuf, champignons, haricots rouges, lentilles, noix du Brésil, moules,
  • Le zinc : huîtres et autres fruits de mer, germe de blé, levure maltée, pain de seigle, œufs, thym, graines de sésame, noix de cajou,
  • La vitamine E : graines de tournesol, huile de germe de blé, avocats, noisettes, sardines, œufs,
  • La tyrosine, un acide aminé utile à la thyroïde mais aussi à la bonne humeur qui est parfois contrariée en plein pic ovulatoire : fromage, viande blanche, lentilles, noix, riz complet, banane, chocolat, spiruline.

Les aliments ennemis de la phase ovulatoire :

  • Tout ce qui est susceptible de véhiculer des perturbateurs de l’ovulation : les aliments conservés dans des emballages plastiques, ceux qui ne sont pas issus de l’agriculture biologique et qui contiennent des résidus de pesticides,
  • Le sucre : sucreries, pâtisseries, sauces industrielles, sodas, dattes, pâtes blanches, riz blanc, pain blanc,
  • Les graisses trans-, qui favorisent la résistance à l’insuline et l’inflammation : huile de palme, margarine de piètre qualité, pâtisseries, biscuits industriels, fritures,
  • Les graines germées d’alfalfa en excès, qui ont une action anti-LH et risquent donc d’inhiber l’ovulation.

Femme qui regarde son calendrier

Phase lutéale : pacifier l’esprit

Alors que le corps poursuit son travail d’élimination des œstrogènes, la progestérone commence à être sécrétée. De nombreuses femmes sont en carences de cette hormone et éprouvent chaque mois un syndrome prémenstruel : irritabilité, fatigue intense, constipation, acné, tension dans les seins, fringales et même dans certains cas, une profonde déprime avec des pensées noires. Le premier ennemi de la progestérone est le stress chronique et notamment l’hormone cortisol, qui aide le corps à s’adapter au stress. Le problème est que le cortisol et la progestérone dérivent tous les deux d’une même hormone : la prégnénolone, et que celle-ci est sécrétée en quantité limitée. Le corps fait donc, en quelque sorte, un choix : s’il doit sécréter du cortisol pour notre propre survie, alors il sécrétera moins de progestérone au détriment de notre fertilité et notre bien-être général. Ce phénomène a pour effet de rendre les récepteurs moins sensibles à l’œstrogène. En ce sens, la carence en progestérone est aussi l’un des principaux facteurs de l'hyperœstrogénie.

Après l’ovulation et jusqu’aux menstruations, on veillera à consommer des protéines et des féculents à index glycémique bas tels que les céréales complètes, les légumineuses et les noix oléagineuses. En effet, après l’ovulation, le métabolisme a besoin de 80 à 280 calories (de qualité !) supplémentaires par jour. C’est, en moyenne, l’équivalent de 3 œufs ou d’un bol de haricots rouges sur la journée. Le simple fait d’apporter au corps légèrement plus permet de réduire l’irritabilité, les fringales et les insomnies éventuelles.

Les aliments et nutriments à favoriser en phase lutéale :

  • Le magnésium, pour l’équilibre entre le cortisol et la progestérone : sardines, cacao amer, amandes, noisettes, noix du Brésil, noix de cajou, graines de tournesol, bigorneaux et autres fruits de mer, germe de blé, levure maltée, sarrasin, banane, légumes vert foncé,
  • La vitamine B6 : viande blanche, poisson, pistache, pois chiche, blé complet, banane, avocat, patate douce, lentilles, avoine, carotte crue, œuf,
  • Le tryptophane, un acide aminé précurseur de la sérotonine, l’hormone antidépressive qui a besoin d’être soutenue en l’absence d’œstrogène : riz complet, volaille, œufs, arachides, poissons, légumineuses, chocolat noir bio, banane, amandes, noix de cajou,
  • Les oméga-3, pour leur action anti-inflammatoire : sardine, maquereau, hareng, noix fraîches.
  • Les aliments ennemis de la phase lutéale :
  • Les sucreries, réconfortantes sur le moment mais qui augmentent le risque de règles douloureuses ensuite,
  • Les graisses trans- et l’excès de graisses saturées : viandes grasses, plats en sauce, produits laitiers, gâteaux industriels,
  • Les excitants, dont on peut être tenté de faire usage face à la sensation de ralentissement du rythme intérieur après l’ovulation : café, thé, sucreries.

Phase menstruelle : réduire l’inflammation

Le début de la phase menstruelle peut être marqué par une inflammation de l’organisme : c’est d’ailleurs cette réaction inflammatoire qui permet à l’utérus de se contracter. Mais en cas de réaction disproportionnée, la femme va éprouver des symptômes pour le moins inconfortables : douleurs menstruelles, migraines et diarrhées.

Concernant les besoins nutritionnels, ils restent élevés pendant les règles mais de nombreuses femmes ont moins d’appétit. En règle générale, il vaut mieux opter pour des repas riches en nutriments mais faciles à digérer.

Les nutriments et aliments à favoriser en phase menstruelle :

  • Le magnésium, qui favorise la relaxation musculaire et aide à réduire les douleurs menstruelles : sardines, cacao amer, amandes, noisettes, noix du Brésil, noix de cajou, graines de tournesol, bigorneau et autres fruits de mer, germe de blé, levure maltée, sarrasin, banane, légumes vert foncé,
  • Le potassium, également pour réduire les crampes menstruelles : tofu, banane, abricot sec, figue sèche, raisin sec, pistache, légumineuses, châtaigne, épinards, artichaut, avocat,
  • Les aromates, pour leurs vertus digestives et antispasmodiques : basilic, estragon, cumin, menthe, coriandre, romarin, carvi, gingembre,
  • Les aliments naturellement anti-inflammatoires : ananas, papaye, raisin, grenade, céleri, betterave crue, choux et légumes verts feuilles,
  • Les soupes cuisinées maison et les jus de légumes : ils favorisent le repos digestif et permettent de faire le plein de nutriment rapidement, et surtout lorsque la femme a peu d’appétit,
  • Le chocolat noir : il satisfait généralement les envies de petites douceurs et apporte du magnésium et de quoi soutenir les hormones du bien-être. Sans faire d’excès, le chocolat noir est donc bienvenu pendant les règles !

Les aliments ennemis de la phase menstruelle :

  • Les épices irritantes pour les intestins et qui favorisent l’inflammation : poivre, paprika, piment,
  • Les repas très complexes avec plusieurs sources de protéines, de féculents et des sauces industrielles,
  • L’abus de junk-food, réconfortant sur le moment mais inflammatoire pour l’organisme.

L’alimentation dans les déséquilibres hormonaux

Quand le déséquilibre hormonal est déjà installé, il est possible d’aménager davantage ces conseils dans le cadre d’une hygiène de vie équilibrée.

Aménorrhée (absence de règles)

On distingue :

  • L’aménorrhée primaire : lorsque la jeune femme n’a jamais eu de cycle menstruel,
  • L’aménorrhée secondaire : la femme a connu des cycles menstruels, mais ses règles disparaissent.

Il existe plusieurs raisons aux aménorrhées. Dans le cas des carences alimentaires et chez les sportives de haut niveau, il sera intéressant de s’assurer que la femme apporte chaque jour suffisamment de protéines et lipides de bonne qualité à son organisme. Le zinc, la vitamine A et la vitamine E sont aussi essentiels pour sécréter l'œstrogène et permettre à la muqueuse utérine de s’épaissir.

Les super aliments tels que la maca, les graines de chanvre et la spiruline seront des bons alliés : on peut les saupoudrer dans les soupes, les jus ou les consommer en tant que compléments alimentaires.

Dans le cas où la femme ne souffre pas de carence alimentaire, on trouve souvent une hyperprolactinémie : un excès de l’hormone prolactine, l’hormone de l’allaitement, alors même que la femme n’allaite pas et n’a même parfois jamais allaité de sa vie.

Cet excès de prolactine peut faire suite à un choc, un stress chronique, une hypothyroïdie, une insuffisance rénale ou tout simplement la prise d’hormones de synthèse telles que la pilule contraceptive. La consommation d’aliments riches en vitamine B6 et vitamine E favorisent le retour à un taux de prolactine normal. Idéalement, les repas seront pris de façon rythmée : pas de grignotage, pas de festin de sucreries, ni de repas sauté. Le jeûne intermittent mal équilibré est aussi une cause courante d’aménorrhée chez les femmes qui consultent en naturopathie.

Endométriose

Cette maladie touche une femme sur dix et mêle souvent hyperœstrogénie et inflammation chronique. Les cellules de l’endomètre migrent en dehors de la cavité utérine (dans le muscle utérin, sur la vessie, sur le côlon, sur le diaphragme) et sont soumises aux mêmes variations hormonales : elles saignent aussi pendant les menstruations. Les femmes concernées par l’endométriose peuvent souffrir de douleurs pendant et en dehors des règles, pendant les rapports ainsi que de troubles digestifs.

Dans ce cas, il faudra veiller à s’adapter aux troubles de la femme. Tout ce qui peut réduire l’inflammation chronique, l’élimination des œstrogènes est bienvenue. La femme peut appliquer les conseils alimentaires des phases ovulatoire et menstruelle tout au long de son cycle. Les aliments favorisant la circulation sanguine sont aussi intéressants pour lutter contre la congestion pelvienne : l’ail, les petits poissons gras, le cassis, la myrtille, l’avocat, les baies de goji ou encore l’huile d’olive.

SOPK (Syndrome des Ovaires Polykystiques)

Les symptômes principaux de ce syndrome sont les cycles irréguliers associés à l'hirsutisme : les cheveux tombent mais les poils poussent beaucoup et parfois à des endroits incongrus. L’acné, la prise de poids et l’augmentation des risques cardiovasculaires font aussi partie du tableau. On distingue quatre types de SOPK (insulino-résistant, surrénalien, inflammatoire, et post-pilule) et tous sont concernés par les mêmes déséquilibres hormonaux : les hormones hypophysaires FSH et LH s’inversent et ne permettent plus l’ovulation. La sécrétion d’œstrogène est réduite au profit de la testostérone.

Les femmes concernées par le SOPK bénéficieront de l’effet anti-LH de la luzerne, ainsi que des aliments riches en phytoœstrogène en quantité modérée. Mais ce qui est primordial, c’est de les aider à maintenir une glycémie normale grâce à des féculents à index glycémique le plus bas possible, l’éviction des graisses trans- et saturées au profit des oméga-3 anti-inflammatoires et la suppression de tout sucre raffiné.

Contraception hormonale

Les contraceptifs sont, par nature, des perturbateurs endocriniens. Lorsque la femme souhaite arrêter sa contraception hormonale, et a fortiori si cette dernière contient des œstrogènes de synthèse (pilule combinée, anneau vaginal, patch transdermique) responsables de l’augmentation des risques cardiovasculaires, d’hyperprolactinémie et de cancer, le cycle menstruel peut connaître des loupés, voire ne carrément pas revenir. Une maxime dit même qu’il faut un mois d’aménorrhée par année de pilule prise. En réalité, il n’y a pas de rapport entre le temps de prise de contraception et le temps que le cycle naturel met à se remettre en place. Pendant la prise de la pilule, avant son arrêt et même après, la femme pourra soutenir l’élimination des hormones de synthèse avec l’alimentation décrite au paragraphe de la phase ovulatoire.

Perte de poids difficile

Il existe de nombreuses causes d’une perte de poids difficile malgré un bon équilibre alimentaire : stress chronique, hypothyroïdie et… hyperœstrogénie ! Cette dernière se caractérise par une accumulation de masse graisseuse autour des hanches ou répartie harmonieusement sur le corps. L’activité physique ne peut pas grand-chose, sinon épuiser la femme, pour favoriser la perte de poids lié aux œstrogènes : lors d’un effort physique, le corps transforme les réserves graisseuses en sucre utilisable pendant l’effort.Toutefois, en cas d’hyperœstrogénie, ce sucre est à nouveau converti en graisse… C’est donc un cercle vicieux sans fin. La femme aura besoin, dans un premier temps, de favoriser le travail du foie et de l’intestin pour éliminer les œstrogènes en excès. Quant au sport, elle pourra favoriser le renforcement musculaire doux lors de la phase ovulatoire et au début de la phase lutéale.

Femme enceinte qui se tient le ventreFertilité

Pour favoriser l’ovulation, il convient d’équilibrer l'œstrogène, la progestérone et faire le plein de vitamines B et zinc. Ici, tous les conseils sont bons à prendre : superaliments, équilibre glycémique, réduction de l’inflammation, éviction des perturbateurs endocriniens… On propose généralement des protocoles de 3 à 9 mois avant la conception afin que le couple ou la femme ait le temps de faire sa transition alimentaire et que les effets s’en ressentent sur les follicules et les spermatozoïdes.

Périménopause et ménopause

La ménopause est caractérisée par une période de douze mois sans cycle menstruel. Elle est également décelable grâce à une prise de sang, où les dosages de FSH et estradiol sont mis en corrélation. Mais les symptômes de la ménopause peuvent être ressentis plusieurs années avant son arrivée, lorsque la progestérone commence à chuter. L’œstrogène peut connaître des périodes de variations : parfois dans l’excès, parfois dans la carence, et ainsi de suite. L’erreur, c’est de vouloir apporter des œstrogènes trop tôt, alors que la femme a encore un cycle menstruel même s’il est irrégulier.

L’alimentation de la phase lutéale sera la première à mettre en place, suivie de celle des phases folliculaires et ovulatoires dès que nécessaires.

Marjorie MALGRAS

Cet article a été rédigé par Marjorie MALGRAS

Naturopathe, aromalogue et auteure

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