L’intolérance à l’histamine est un sujet dont on entend de plus en plus parler. Y êtes-vous souvent confronté lors de vos consultations ?
Oui très souvent. Il s’agit, la plupart du temps de patients qui souffrent d’inconfort digestif dans un contexte de symptômes immuno allergiques (maux de tête, brouillard cérébral, rhinite ou conjonctivite, malaise avec hypotension, gêne respiratoire, troubles du sommeil, etc.…).
Bien souvent, ils ont consulté de nombreux médecins spécialistes, gastro-entérologues, allergologues, spécialistes de médecine interne, etc. qui sont passés totalement à côté de cette pathologie, pourtant extrêmement documentée dans la littérature scientifique (plus de 397 publications sur Pubmed en 10 ans…) !
Comment expliquez-vous cette recrudescence de cas ?
Je l’attribue surtout aux énormes changements de mode de vie qui sont apparus ces 50 dernières années, qui ont totalement bouleversé notre écosystème, notamment notre microbiote intestinal.
L’hyperhygiénisme, en particulier, a totalement déréglé notre système immunitaire, la pollution environnementale et psychosociale (stress), font partie aussi des éléments déclencheurs de ces intolérances.
Enfin, la piètre qualité de notre alimentation occidentale est une raison suffisante pour expliquer cette explosion d’intolérance à l’histamine (IH) dans nos cabinets médicaux.
Pouvez-vous nous expliquer comment identifier une intolérance à l’histamine ? À quels signes doit-on être attentif ?
Il n’y a pas un signe spécifique, mais des symptômes diffus, qui lorsque l’on se donne la peine d’écouter son patient, grâce à un interrogatoire précis, sont assez caractéristiques d’une intolérance à l'histamine.
Pour cela il faut avoir du temps bien sûr, ce qui n’est pas le cas de la plupart de mes confrères.
Après, avec l’expérience, sur 3 à 4 signes spécifiques, le diagnostic peut être à la portée de tous, mais pour cela il faut sortir des clichés classiques des « allergies à IgE », comme le font les allergologues, qui ne donnent, dans 9 cas sur 10, aucune information sur les IH.
En règle générale, un patient qui se plaint de troubles digestifs (ballonnements, constipation, gaz, colites spasmodiques…), dans un contexte de symptômes allergiques soit dermatologique (démangeaisons, urticaire, eczéma..), soit ORL (rhinites, conjonctivites..), avec quelques troubles du système sympathique (chutes de tension, malaises, maux de tête, acouphènes, brouillard cérébral, etc.…), le tout après avoir consommé certains aliments, comme du chocolat noir, des fraises, des tomates, du poisson en boîte, des cacahuètes, etc. doit systématiquement nous faire rechercher une intolérance à l'histamine.
Sinon, au niveau biologique, il existe la possibilité du dosage de l’activité de la DAO (Diamine Oxydase), enzyme clé qui permet la dégradation de l’histamine alimentaire. Il faudra bien sûr coupler ce dosage avec celui de l’histamine fécale.
Selon vous, existe-t-il un lien ou des facteurs communs chez vos patients présentant une intolérance à l’histamine ?
En règle générale, ils présentent tous une dysbiose intestinale, que j’explore grâce au séquençage à l’ARN 16S du microbiote de mon patient, sur un terrain allergique récent ou ancien.
On retrouve très souvent des antécédents de candidoses digestives ou de SIBO.
Comment peut-on prendre en charge ce trouble ? La micronutrition peut-elle être une alternative ? Peut-on guérir d’une intolérance à l’histamine ?
La prise en charge passe tout d’abord par l’éviction des aliments histaminogènes pendant 2 à 3 mois, associés à la prise de compléments alimentaires. Pour ma part je recommande la prise, avant chaque repas, de DAO végétale extraite de pois.
En effet, certaines plantes, comme le pois, produisent naturellement cette enzyme, si précieuse pour la digestion et la dégradation de l’histamine en provenance de nos aliments.
Cela permet très rapidement de faire diminuer les symptômes digestifs et immuno allergiques. Ensuite, je recommande la prise de plantes à visée « anti histaminiques like », comme le plantain, la quercétine, la reine-des-prés ou encore les catéchines de thé.
Si le patient respecte bien son traitement les 6 premiers mois, il peut y avoir une guérison de ces intolérances à l'histamine.
Toutefois, les rechutes sont assez fréquentes aujourd'hui, surtout si on ne change pas ses habitudes alimentaires et son mode de vie.
Dans le cas des déficits congénitaux en DAO (<10% des cas), la guérison est plus rare, et bien souvent une prise de DAO végétale est nécessaire à vie.
Merci Dr Vincent RENAUD.
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