Rafaël est un enseignant qui paraît être un homme poli et posé mais il me confie que sous cette apparence lisse couve un volcan qu'il peine à réfréner. Intérieurement il se sent tendu en permanence, prêt à bondir sur les gens qu'il trouve irrespectueux.
La moindre injustice le rend fou et lui donne envie de se battre, il en est venu à redouter sa propre agressivité, sa vie sociale est un enfer.
Il est irritable et de plus, il souffre de démangeaisons insupportables jusque dans son cuir chevelu.
Il n'a aucune idée d'événement ayant pu déclencher cet état, il se dépeint comme quelqu'un "qui est né en colère"
La racine de cette rage dévorante s'est avérée remonter à son grand-père portugais, qui avait en effet été confronté à une grande injustice lorsqu'il avait une vingtaine d'années : une femme de son village s'était retrouvée enceinte en l'absence de son mari.
Elle avait un amant, marié lui aussi, et pour éviter de le dénoncer et de déclencher un trop grand scandale, avait prétendu que le grand-père de Rafaël, alors jeune célibataire, l'avait forcée sexuellement et que c'était lui le père de l'enfant qu'elle portait.
L'accusé avait eu beau clamer son innocence face à cette accusation infondée, il n'avait pas réussi à convaincre et avait été envoyé en prison (on ne badinait pas avec les affaires de mœurs au temps du général Salazar…).
À sa sortie de prison, il était un homme cassé, devenu solitaire et taciturne, il s'était exilé dans une autre région où il avait trouvé femme à épouser, et avait travaillé la terre avec acharnement pour nourrir sa petite famille, évitant par ailleurs tout contact avec la société. Rafaël ne pouvait de lui-même venir à bout de tous les sentiments hérités de son grand-père, il a été en revanche fort soulagé, à la fois moralement et physiquement, au cours de nos séances, de pouvoir le réhabiliter et pacifier sa mémoire.
Bien que les adultes représentent la plus grande partie des consultants en MCI, j'apprécie particulièrement l'opportunité de travailler avec des enfants et des adolescents – parce que plus on se libère jeune de nos fardeaux, et plus on se donne des chances pour la suite de sa vie ! Ce sont des années de bonheur en plus…